Chant promis à l’Empereur Im Pore Novo

Un chant en toi creusé
Un chant qui peine à contenir tes grondements
Tap, tap, yoba, gowin, toba, toba, toba
Chant de saison d’amour toujours à renaître
Chant de la roche et du dieu
zig la don et zig on di, zig la don et zig on du

Yobe mon dieu gros,
Mon dieu laid
Tu es
Il faudra l’amour déprendre
Peut-être reprendre, mon maître
La corde desserrer
Suer tes sanies sacrées
Mon maître, oh, oh, oh
Jeter les linceuls ensanglantés
D’adorateurs pendus pour toi
Yobe-dieu
Mon gros
Laid

Chantez yaha, yaha, yaha
L’escargot pleure-t-il des larmes sous la pluie ?
Qui saurait voir
Notre infinie peine à te savoir parti
oh walla, oh wahou, mon maître
Kobe, kobe, entiro, ko-bi-oh-bo-be

Goujon des eaux rougies par la lumière du soir
Je suis
Triste
ya, yaha
Tu es parti
ya, yaha

Reviendras-tu dans mes rêves, maître
Imparable lumière d’éternité prête
A fuir toujours fidélités et afflictions terrestres
Dansons, dansons, yo eh, yo ah
Sur les corps attardés et les cœurs évidés

Demain, assurément demain
A l’aube renaissante
J’irais fendre un peu de bois
li o, li e, li o, li e
Une fleur pâle entre les dents
A toi, je penserai dans les impatiences des premières lueurs

Je danserai et tu seras là
Ou peut-être dans les trilles concurrents des oiseaux
yo oh, dobé, dobé
Quelque part ton ombre glissera
Je danserai, je saluerai
Vers toi, où que tu sois

Ton scribe dévoué a achevé
Le chant promis
Á ta veuve Princesse Im Leyo Avanti
Demain, ibo, ibe
Il offrira à sa beauté éperdue
Il posera dans ses mains diaphanes
Ce modeste travail
Et osera peut-être chanter à ses pieds
Pour toi, Yobe, pour toi.

 

ALAIN LASVERNE

Poème inédit

Les anges n’ont pas de souffle (clin d’œil au «dormeur»)

Vingt-quatre années d’existence
Calot McDo
Boulot McDo
Cachot McDo

Elle se sait commune
Elle se sent commune
De destin ne voit que
Commun

Huit heures de ban
Elle part
Elle abandonne
Elle s’enfuit
Elle rentre

La baby, la sœur de galère
L’a déjà couché

Il dort
Il dort dans le rêve de la vie
Le prince en herbe

Le fruit extraordinaire
D’un corps à corps ordinaire
Fatalement désaccordé
En une pincée de mois

Il dort l’enfant beau
Il dort l’enfant tendre
Il dort l’enfant qui Est

Effleure son front
Souffle un baiser sur une joue
Arrondit son ventre
Respire son odeur
Écoute son souffle
Les anges n’ont pas de souffle

Ramasse le paquet de bonbons
Pose le paquet sur la tablette
Bonbons manger bonbons

Passe sa main le long de la bouche
Écarte les lèvres
Glisse deux doigts
Deux doigts bloqués soudain

Si ce pouvait être l’ange qui hurle.

 

ALAIN LASVERNE

Poème inédit

A été

Je sais que j’ai été ça
Je regarde bien
Je confirme
J’ai été ça

Cette chose est immaculée
Comme le froid du matin sur le nez
Comme la maladresse d’un premier baiser
Comme le regard d’un vieillard sur son fils de passage
Comme les mirages tremblants sur l’autoroute

Cette chose à des millions de kilomètres
Bien sûr que c’était moi
Je vois tout moi dans ce visage tendre
Je vois tout moi dans ce regard vierge

C’est moi
Pourquoi n’est-ce plus moi ?
Pourquoi n’est-ce plus
Une fois de plus ?
Une fois toujours ?
Une seule fois ?

S’il vous plaît.

 

ALAIN LASVERNE

Poème inédit