Rose en bouton
Dans la gelée,
Te voici penchée,
Vouée à des lendemains
Moins reluisants,
Seule maintenant.
Tu fus, jadis,
La reine des fleurs.
Tu faisais follement
S’emballer tous les cœurs.
Et tu te retrouves,
Toi le fleuron d’un temps,
Seule maintenant.
Souviens-toi, quand on t’enfila au bout d’un fusil,
Quand les Teutons, on les aurait, pardi.
C’était bien avant nos sectorielles de feu et de sang
Toutes aussi absurdes cependant…
Et te vois-tu encore à la boutonnière d’un ministre
Quand tout était toc et pimpant et que rien n’était triste?
Les politicards ne sont plus que des flatulents,
Des boucs émissaires maintenant.
Toi, tu te dressais, dans le temps des guitares,
Et de la paix, et de l’amour, et de ce fol espoir.
Le pouvoir des fleurs va de plus en plus déclinant,
Creux et vide maintenant.
Mais tu reviendras, parce que tu es éternelle,
Que tu es sororale et que tu es fraternelle,
Et que tu es attendue par ces milliers de gens,
Tous seuls maintenant.
Rose en bouton dans la gelée,
Te voici penchée, figée,
Mais vouée à des lendemains plus gorgés,
Plus puissants. Je le sens, je le sens…
Tu vas mourir, rose. Seul maintenant
Nous reste l’espoir de tous nos recommencements.
.
PAUL LAURENDEAU (pour LAUBER)
L’imagiaire des pimprenelles, ÉLP éditeur, 2013, 3,49 € – 4,59 $.
Pour de plus amples informations, ou pour lire des extraits de cet ouvrage, voir la page qui lui est consacrée sur le site d’ÉLP éditeur.