Il était une fois des feux
des feux qui étaient fabuleux
des feux allumés dans la peau
à envoûter comme des démons fous
des feux de braises dans la peau
ma peau sublimée sous tes yeux
tes yeux qui étaient fabuleux
D’autrefois je revois tes yeux
tes yeux qui sont magiques
tes yeux à voir sous les peaux
à déshabiller les âmes de leur sort
tes yeux doux à une vieille peau
ma peau de vache vêtue de briques
sans tes yeux qui sont magiques
En cette nuit près du sapin
qu’embaume de bonheur
un parfum de forêt et de lutins
où les petites lumières de couleur
s’invitent au gradin des odeurs
car les amants se voient se voient
et se voient encore pour la première fois
alors ces corps ont encore un intérieur
Sous les peaux ensorcelées par nos jeux
des jeux qui jouxtaient moelleux
des jeux à nommer toutes nos peaux
surfaces comme des endroits fous
où tes yeux de délinquante âme à peau
enserrent mes peaux en étau de frissonneux
mes peaux ensorcelées par tes jeux
En cette nuit près du sapin
qu’embaume de bonheur
un parfum de forêt et de lutins
où de petites lumières de couleur
s’invitent au gradin des odeurs
car les amants se voient et se voient
et se voient encore pour la première fois
alors ces corps ont encore un intérieur
Ma peau enchantée en bottes de sept lieues
ces lieux qui sont magnifiques
tes lieux à migrer hors la peau
à inventer le rire rauque des avalés
tes lieux où nos cœurs à fleur de peau
nos peaux friables à fièvre tellurique
petites peaux enchantées par ces lieues
En cette nuit près du sapin
qu’embaume de bonheur
un parfum de forêt et de lutins
où de petites lumières de couleur
s’invitent au gradin des odeurs
car les amants se voient et se voient
et se voient encore pour la première fois
alors ces corps ont encore un intérieur
Quelques fois je recevrai tes yeux
tes yeux qui seront merveilleux
tes yeux iront tomber sur ma peau
à surfer comme des doigts jaloux
tes yeux à liquéfier ma peau
ma peau d’oripeaux de vieux
et tes yeux me feront merveilleux
En cette nuit près du sapin
qu’embaume de bonheur
un parfum de forêt et de lutins
où de petites lumières de couleur
s’invitent au gradin des odeurs
car les amants se voient et se voient
et se voient encore pour la première fois
et nos corps ont encore leurs intérieurs
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RICHARD MONETTE
Perle-mêle (lettre tant), ÉLP éditeur, 2013, 3,49 € – 4,59 $.
Pour de plus amples informations, ou pour lire des extraits de cet ouvrage, voir la page qui lui est consacrée sur le site d’ÉLP éditeur.