Lesbienne d’acide

Gouines coquinesLesbienne
D’acide,
Folle
En denim moulant,
Tes talons
Aiguilles
Sont les
Aiguilles
Qui me ponctionnent
D’hallucinant.
Je te vois,
Tellurique,
Polychromatique,
Dans un époustouflant
Dôme animatronique.
Lesbienne d’acide,
Tes baisers sont charnus comme des fresques antiques.
Talons aiguilles,
Tes lèvres on un moelleux qui perdure, s’étire, onirique.
Ce denim pâle te moule le con tellement.
C’est qu’il est peint sur toi,
Ou que mon regard est déformant.
Quitte-le, lesbienne d’acide,
Dénude toi dans le moment.

Marche au ralenti, uniquement,
Exclusivement,
Sur tes talons aiguilles.
Tu es une opulente fresque
Ondoyante,
Barbaresque.
Ma lippe est sèche
Et ce qui en goutte est délirant,
À ton contact,
Lesbienne d’acide.
Tu marches dans mon con
En t’enfonçant mollement
Dans ma psyché,
Talons aiguilles.
Tu es un errement chimio-récréatif
Distendu,
Distordu,
Mi corporel,
Mi-imaginatif…

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
Pour de plus amples informations, ou pour lire des extraits de cet ouvrage, voir la page qui lui est consacrée sur le site d’ÉLP éditeur.

Chantal

Gouines coquinesMême si cette petite traînée
De Chantal
Est un être profondément,
Viscéralement
Amoral
Et même si c’est
Absolument pas normal,
Je peux pas m’empêcher
De la mettre sur un piédestal.
Malgré le fait criant
Que cette sinistre folle
Me contrarie au plus haut point
Par ses impairs frivoles,
Je l’aime d’amour depuis le temps de la petite école.
Elle se niche et se fiche dans ma fibre la plus molle.
Pourtant Chantal, c’est une fieffée menteuse,
Une petite garce vicieuse doublée d’une chapardeuse.
Me pique mes sous, me vole jusqu’à mon amoureuse,
Ne pense qu’à faire la fête et à courir la gueuse.
Je vous dis pas tous les atermoiements,
Les drames de vie et les emmerdements
Qui sont mon lot, depuis un sacré moment
En vertu de Chantal et de son petit air fendant.
Pourtant, il m’est impossible de l’extirper de mon cœur,
Sens commun, sens du devoir ou bien sens de l’honneur.
Je mourrai pour elle, sans reproche et sans peur.
Un détail pour conclure, Chantal, bien, c’est ma sœur…

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Le trait, les cercles, le triangle et l’ovale

Gouines coquinesQuand mon trait
Toucha
Doucement
Ton trait
Cela fit
Une si pulpeuse
Croix.
C’était parfait.
Mes deux cercles
Vraiment très arrondis
Se perdirent
Dans tes cercles à toi
Un rien plus petits.
Mais quand mes cercles
Tombèrent en arrêt
Devant ton triangle scalène
Là, j’ai failli
Tout simplement
Subitement
Perdre haleine.
Mon triangle
Plaisait fort à tes cercles aussi,
Cela se sentait.
Cela se voyait
Nettement à la façon dont tremblotait
Ton trait.
On se mit à jouer intensément du triangle.
Ce fut orchestral.
Un beau duo de triangle musical,
Cela n’a rien de banal.
Je sentis alors une grande chaleur monter en mon ovale.
Mon trait chercha fébrilement le contact cardinal
Avec ton triangle, puis avec ton ovale,
Finalement les trouva.
Cela se fit sans équivoque,
Je le compris au soupir que tu poussas.
Sans vraiment y penser,
Nous optâmes pour une symétrie géométrique,
Cette prérogative en miroir de la passion saphique.
Mon trait dans ton ovale, mon ovale dans ton trait.
Les triangles frémissants, les cercles clos. Parfait.
Concert des formes et langueur frémissante des figures.
Nous hurlons comme des folles et le moment perdure.
L’extase gicle et jaillit. Nos traits goulus l’avalent.
Nos deux ensembles mollissent. Après l’amont, l’aval.
Telle fut la synthèse amoureuse, la rencontre normale
Du trait, des cercles, du triangle et de l’ovale.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Caroline double

Gouines coquinesCaroline
Tu es si belle
Si double…
Caroline
Force et douceur
Fer et langueur
Miel et ardeur
Sel et fraîcheur.
Caroline
Je fais la roue.
Je suis une faisane
Qui se pavane
Pour te plaire.
Caroline
Tu es si belle
Si double
Si solide…
Caroline
Peinture et chant
Fleur et ciment
Fruit et froment,
Temps et moment.
Caroline
Tu me rends folle.
Je suis une putain
Qui fait le chemin
Pour te plaire.
Caroline
Tu es si belle
Si double
Si solide
Si fragile…
Caroline
Humus et or
Faiblesse du fort
Courbe des corps,
Amour et mort.
Caroline, je me dénude.
Je suis une lesbienne
Qui se fait chienne
Pour te plaire.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Éclatant

Gouines coquinesSourire éclatant.
Piquante prunelle.
Grain de peau chantant.
Garçonne rebelle.
Amoureuse miroir.
Beauté qui se donne.
Harmonie du soir.
Saveur des automnes.
Lesbienne assumée,
Ardeur, pain, froment.
Amoureuse sevrée :
Blocage perturbant.
Pétillant regards,
Colère tranquille.
Rejet du retard
Des cheftaines de file.
Garçonne revêche.
Nectar pétillant.
Culotte qui sèche.
Sourire éclatant.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Cette dame qui se tient bien droite sur le rebord du lit

Gouines coquinesElle est assise
Bien droite sur le rebord
Du lit de fer.
Elle ne se déshabille pas
Mais elle me prie de le faire.
Sans un mot,
J’obtempère.
Ambiance feutrée,
Étrange.
La tension est tangible
En compagnie
De cette dame qui se tient
Bien droite sur le rebord du lit.
Me voici nue.
Je n’ai pas peur.
Je suis plutôt curieuse.
Les grands yeux noirs de la dame
Sont gorgés
D’une langueur anxieuse.
Elle est visiblement nerveuse.
Elle me demande de tourner,
De pivoter
En ondoyant. C’est presque une danse.
Elle me dévore des yeux avec une douceur dense.
Je finis par m’asseoir, toujours nue, très à mon aise.
Nous voici.
Elle sur son rebord de lit,
Moi devant elle, sur une chaise.
Le con me chauffe comme de la braise.
Cette angoisse, son regard mais surtout,
Oh surtout,
Le fait qu’on ne se touche pas,
Qu’il ne se passe rien du tout.
Elle est assise bien droite sur le rebord du lit défait.
L’instant n’a rien de factice, de bidon ou de surfait.
De fait,
C’est une extase parfaite.
Le fait
De ne pas me faire tripoter
Par cette dame si polie
A rendu ce moment ineffable.
Finalement, elle m’a payée
Et je suis partie.
Et je sais parfaitement qu’au jour d’aujourd’hui,
En son souvenir et dans le mien aussi,
Elle est encore assise bien droite
Sur le rebord de ce lit.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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J’ai posé pour Botérette

Gouines coquinesJ’ai eu l’honneur de poser
Pour Botérette.
La peintre bien connue,
Artiste admirable.
Je suis arrivée
Dans sa jolie maisonnette.
Elle m’a fait
Me déshabiller,
Me coucher sur une table,
Dans son grand atelier.

Nue comme un objet,
Dans ma coiffure simplette,
J’ai vraiment fait
Tout ce dont j’étais capable
Pour bien perturber la lesbienne à la palette.
Je voulais tant être un modèle acceptable.
Et je brûlais de la séduire. Pourquoi le cacher,
Étalée sur une table, dans son torve atelier.

Le secret suprême de la peinture de Botérette,
La clef de son art, ce mystère remarquable,
C’est qu’elle ne peint que des femmes imparfaites.
Des femmes qu’elle veut capter.
C’est une contrainte inexorable.
Qui a d’ailleurs fini par bien se concrétiser.
À deux, sur une table, dans ce bel atelier.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Camille, aux larges résilles

Gouines coquinesCamille, aux larges résilles
Est si onduleuse, si gentille.
Elle a une forme de quille
Ses yeux immenses brillent.

Molle comme une guenille,
Dans les bras de Camille,
Je sens que mon sang pétille.
C’est l’amour entre filles.

Je suis paffe,
Ronde comme une bille
Et je me déshabille,
Lascive, enjouée. Camille
Ne garde que ses résilles.

Elle rampe comme une chenille
Sur mon corps, me titille.
Et sa passion s’instille
En mon con, et je trille.

Et je crie. Hurle. Camille
Aux tréfonds de moi se vrille.
Elle suçote ma pastille
Oh, c’est pas de la broutille!

Camille, aux larges résilles
Est si onduleuse, si gentille.
Elle me présente à sa famille.
C’est vraiment l’amour entre filles.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Ma sollicitation

Gouines coquinesUn hôtel de passes
Lesbien,
C’est une chose
Peu connue.
D’abord c’est propre,
Ce qui est bien.
Impeccablement tenu.
Un hôtel de passes
Pour les gouines,
C’est une chose
Fort mécomprise.
Le personnel,
D’une discrétion féline,
Ne fait que
Ce qui est de mise.

L’hôtel de passes où je suis pute à femmes
Appartient à un collectif
De fines goules. Elles fourguent aussi la came
Et n’ont pas de trop longues griffes.
Cet hôtel de passe, ô ma bonne petite dame
Qui me trouvez si belle, nous y vivrons
Ce beau récit dont vous composerez la trame
Si vous daignez entendre ma sollicitation.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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Si cela… si ceci…

Gouines coquinesSi je n’avais
Jamais été violentée,
Aimerais-je
Quand même les femmes?
C’est difficile
À décider.
Peut-être serai-je
Simplement bisexuelle
Multipliant pas deux
Mon petit potentiel
De sempiternelles
Langueurs sensuelles.

Si je n’avais jamais subi cette agression,
Serai-je tribade?
C’est un point d’interrogation.
Je serais certainement généralement moins agressive
Envers les porte-bites
Et leurs ardeurs lascives,
Leurs fleurs neuneu
Et leurs verbeuses missives.

Si ce soir là, ils ne s’étaient pas mis à deux,
L’un me tenant,
L’autre me tringlant
Violemment,
Et puis en s’alternant,
Porterai-je quand même toujours un couteau sur moi?
Cela sera toujours un lancinant mystère
Et pour tout dire, bon
Sa résolution,
C’est pas de vos affaires.

Si cela… si ceci…
On pourrait frire sans fin
Sur les tisons du dilemme
Que je porte en mon sein.
Si ma grand-mère jadis avait porté une bite ?
Serait-elle mon grand-père ?
Oui? Non?
C’est vous qui le dites…
Si cela, si ceci…
Je suis lesbienne, tout est dit.
Cessons de gamberger
Et fouaillons la vie.

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CORINNE LeVAYER

Gouines coquines de ce monde, ÉLP éditeur, 2013, 4,99 € – 6,49 $.
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