Venins

Imagiaire eaux-pierresMilles venins
Sur les rebords
De cathédrales
Font l’apologie
De l’anormal.
Ils grouillent,
Pullulent,
Se percutent,
S’investissent,
Se transmutent.
Ils ont été plantés là
Par les vieux corps de métiers
Qui ont bien vu à lacérer
La rigoriste et droite institution
De leur venimeuses courbes et balafres.
Ils sont la chair purulente des affres
De la résistance sourde de Dionysos à Apollon.
Et, les venins, bien, on a apprit à les connaître
Comme toute persistance du flux de l’être.
Et on en est venu à venir les visiter
Pour eux-mêmes. Pas pour les « adorer »,
On en a rien à cirer,
Et encore moins pour se les injecter.
Il s’agit plus de fixement les mirer
Sur les rebords dentelés de la coupe,
De les regarder miroiter
Sous la coupole de l’objectif en loupe
De nos touristiques curiosités
Ordinaires et athées.
Ah, ce sont des statues, ce sont des gargouilles.
On dirait vraiment qu’elles se grouillent
Pour venir promptement nous narguer,
Nous, du contrebas,
Nous qui ne voulons pas oublier,
Et elles qui ne se souviennent pas.
Imparablement, ils laissent un scotome peu anodin
Ces venins.
Aussi, fascinés, on reviendra les voir demain.

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PAUL LAURENDEAU (pour LAUBER)

L’imagiaire des eaux et des pierres, ÉLP éditeur, 2015, 3,49 € – 4,59 $.
Pour de plus amples informations, ou pour lire des extraits de cet ouvrage, voir la page qui lui est consacrée sur le site d’ÉLP éditeur.

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